L’ange n’est pas un oiseau, mi-homme, mi-dieu, suspendu entre ciel et terre. Une créature mièvre pour rassurer les faibles. Un messager. Un médium. Non. L’ange apparaît dès que les mots se retirent. Et qu’un accord tacite clôt les regards sur un vide clair, sans refus. Une stupeur bienveillante. L’ange est un silence qui s’accomplit alors que personne ne l’attend. Une vague qui remplit tout, effaçant les peurs, les désirs. Une accalmie souveraine remerciée comme un miracle.
Dominique Sampiero, La vie est chaude
La route par les sentiers
Les sentiers, les entailles qui longent invisiblement la route, sont notre unique route, à nous qui parlons pour vivre, qui dormons, sans nous engourdir, sur le côté.
René Char,La parole en archipel
Anaëlle
Deux fourchettes s'aimaient d'amour piquant.
Deux couteaux s'aimaient d'amour coupant.
Deux cuillères s'aimaient d'amour creux.
Deux assiettes s'aimaient d'amour plat.
Deux verres s'aimaient d'amour cassant.
Deux fouets s'aimaient d'amour fouettant.
Deux fours s'aimaient d'amour chaud.
Deux cocottes s'aimaient d'amour minute.
Angelina
Deux stylos s'aiment d'amour coloré
Deux crayons s'aiment d'amour brillant
Deux gommes s'aiment d'amour effacé
Deux assiettes s'aiment d'amour fourchette
Deux cuillères s'aiment d'amour argenté
Deux serviettes s'aiment d'amour essuyé
Christie-Yanna
Sous l'épaisse neige de fleurs de glace
Un champ de pluie
Laisse la terre inondée
Maëlys
Un oiseau est là
Le soleil tape les bourgeons
Les fleurs naissent
Valentin
Si mon poisson avait des pattes
Il partirait dans les carpates,
Si ma gomme avait des ailes
Elle s' envolerait dans le ciel
Arthur
Si le tableau n'avait pas de craie
Si la branche portait l'arbre
Si le crayon rangeait la trousse
Si l'œuf pondait la poule
Si mes pieds étaient les mains
Si l'homme portait le monde
Si la souris mangeait le chat
Si la poussière aspirait l'aspirateur